La Crise du Cacao
Une crise économique mondiale
Depuis quelques années, il y a une explosion du cours du prix du cacao. Par exemple, entre septembre 2013 et septembre 2014, le prix du cacao a flambé de 83% passant de 1 800 dollars à 3 300 dollars la tonne. Depuis, le cours de la fève s’était stabilisé autour des 3 000 dollars.
En fin d'année 2014, la quantité de fèves broyées a reculé de 7.5% sur un an en Europe, de 2% aux États-Unis et de 21 % en Malaisie. Une baisse marquée de la demande de chocolat aussi bien en Europe qu’aux États-Unis en est donc cause, conséquence de la hausse des prix imposée par les chocolatiers et l’industrie agroalimentaire.
La pénurie de cacao
Chaque année, le Belge consomme en moyenne sept kilos de chocolat alors que les Chinois n’en consomment que 38 grammes par an. Les Français en consomment 4 kilos en moyenne. La marge de progression est importante et la consommation de chocolat augmente de 30% par an en Chine, ce qui amène à croire que la pénurie de cacao se fait de jour en jour sentir. La pénurie de cacao menace depuis quelques années. La demande est plus forte que l'offre: le cacao se fait donc rare et les prix explosent.
La hausse des prix
Les acteurs du chocolat ont investi dans les pays producteurs pour s’assurer une production suffisante.
Un grand nombre de chocolatiers et de géants de l’agroalimentaire ont décidé de répercuter la hausse du cours du cacao sur les consommateurs. Plusieurs stratégies ont été mises en place, une augmentation des prix, mais aussi et surtout baisse de la qualité ou du pourcentage de chocolat présent dans leurs produits, par exemple, les tablettes de chocolat "customisées" dans les rayons ; en effet les biscuits, caramel et autres adjonctions permettent d’utiliser moins de chocolat, et donc de réduire les coûts tout en faisant grimper les prix.
Ces stratégies de la part des chocolatiers étaient censées contrebalancer les effets de la spéculation sur les cours de la fève. Le cacao s’est alors imposé comme une des matières premières préférées des spéculateurs en tous genres.
Suite à cet effondrement, la tonne de cacao est passée de 3 000 $ à 2 000 $ ce qui pourrait bouleverser le marché du cacao à l’avenir : la demande mondiale est en chute libre.
Le secteur du cacao et du chocolat est menacé par la hausse de la demande des pays émergents, et par la baisse de production par les risque de contagion d’Ebola dans les principaux producteurs mondiaux tels que la Côte d’Ivoire et le Ghana. Ce secteur admet également une concentration plus importante des acteurs du cacao. En début d’année, ADM se retirait du commerce de la fève, laissant la majorité du marché à Barry Callebaut, de Cargill et d’Olam. Ces multinationales servent d’intermédiaire entre les producteurs et les principaux acheteurs de fèves que sont les chocolatiers ou les grands groupes agroalimentaires (Nestlé, Mars, Mondelez etc.).
Conséquences
Dans les pays producteurs tel que l’Afrique de l’Ouest, les conditions de vie et de travail sont très mauvaises ce qui incite les cacaoculteurs à quitter leurs champs et engendre alors un manque de cacao. Les productions sont également menacées par les conditions météorologiques, comme c’est le cas au Ghana ou en Côte d’Ivoire
Beaucoup passent à la production de caoutchouc ou d'huile de palme. Des cultures qui rapportent plus et demandent moins de travail.
Certains pays producteurs ont même décidé d’abandonner la culture du cacao, en autre les jeunes générations. Ils s’orientent alors vers d’autres denrées plus lucratives, ou alors partent travailler dans les villes, parce qu’ils ne voient aucun avenir dans la production de cacao. Et cet abandon de culture entraine un déclin dans la production dans de nombreuses régions cacaoyères car les plantations et la régénération de la fertilité des sols ne sont pas rénovées
Enjeux futurs
Aujourd’hui l’enjeu est donc de redonner du pouvoir aux producteurs, avec en autre le commerce équitable.
Dans ce contexte de concentration du marché, le commerce équitable à défendre ne peut pas se limiter à un prix plus rémunérateur. Il doit s’inscrire dans une vision plus large de renforcement des organisations de producteurs pour améliorer leurs capacités de négociation et défendre leurs intérêts dans les filières.
Les prix stables et rémunérateurs, les actions d’accompagnement ou les préfinancements permettent d’assurer la viabilité économique des coopératives, mais leur donne aussi la possibilité de former des femmes et des hommes, pour qu’ils puissent à l’avenir peser sur l’avenir de la filière.